Au début, il y a souvent une envie d’écrire, depuis longtemps, une envie mêlée de crainte, ou freinée par le manque de temps.

Il y a parfois la perte d’un être cher, des questionnements, des bouts de carnets intimes, des bribes de mots laissés ici et là, et dormant dans un tiroir.

Il y a parfois l’impression de “courir”, toujours, “sans avoir le temps”, avec la sensation d’un trop-plein, ou bien d’un vide, enfin la recherche de quelque chose, d’une pause, à une époque où tout va très vite, où la performance prend le pas sur l’élaboration, tant et si bien que l’humanité semble parfois sacrifiée sur l’autel de l’instantané et de l’image. Or du cerveau surchargé, jamais en repos, à la difficulté de penser, il n’y a qu’un pas !

L’écriture est une présence. Elle sert à fixer ses idées, à interroger le présent, à aiguiser sa capacité de penser, à laisser une trace, à calmer la douleur sans l’étouffer, à s’amuser, à penser et rassembler ce qui est épars, à combler le vide, à susciter le désir, à calmer l’impatience qui brouille la communication car elle permet la distanciation nécessaire à l’analyse des émotions et des situations…

Elle sert à inventer un monde intérieur, un Soi. A retisser du lien avec soi-même et avec les autres. Parce que les mots nous permettent de nous situer dans l’espace et le temps. Ils tirent un pont entre notre passé, notre présent et notre futur. Ils nous ancrent. Cette notion d’espace intérieur et de temps me semble essentielle pour s’amarrer dans la vie. Pour ne pas être en fuite. Pour être pleinement présent et penser sa vie.

Je fais ces ateliers avec les adultes.

Je le fais aussi avec les enfants. 

Je trouve très inspirant et passionnant de balayer tous les âges. J’y place la même intention, celle du déploiement de l’individu. C’est cela qu’offre un atelier d’écriture : un espace à soi, un espace-temps un peu singulier, pour créer sa vie et s’offrir une extension de soi. 

Il suffit d’une feuille et d’un stylo, ou d’un ordinateur. 

La page blanche n’existe pas, sachez-le. Elle n’attend que d’être remplie par tous les mots du monde, par vos mots. 

“ Pourquoi écrivez-vous ? “ Saint-John Perse répondait : “Pour mieux vivre”.